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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 19:36

 A l’initiative de l’association des auditeurs de Fip, un grand débat s’est tenu hier soir au Pannonica, à Nantes. Son thème ? Quel avenir possible pour l’information culturelle de proximité et les médias locaux face aux évolutions techniques et notamment l’arrivée de la radio numérique terrestre ?

Sur scène, partenaires culturels, représentants des médias régionaux, élus locaux et dans la salle, auditeurs et citoyens mobilisés ont répondu massivement à cette invitation. Parmi les intervenants, Dominique Raimbourg et François de Rugy, parlementaires, Pascal Bolo et Jean-Louis Jossic, élus de la ville de Nantes, Patrick Mareschal, Président du Conseil Général de Loire-Atlantique, Philippe Coutant et Paul Morizeau, Directeurs du Grand T et de l’EPCC Onyx/ La Carrière, Jean-Marie Biette, Directeur départemental de Ouest-France, Marie-Sylvie Bitarelle, Directrice générale de Télénantes…venus apporter leur soutien aux médias de proximité. La discussion, menée par Philippe Dossal (journaliste et écrivain), a posé clairement les enjeux d’un tel sujet.


Qu’est ce que la radio numérique terrestre (RNT) ?

Les explications techniques ont été avancées dès le commencement de la soirée, afin que chacun comprenne les enjeux d’une telle évolution. Pierre Boucard, conseiller technique national pour la radio numérique a fourni des précisions utiles.

Comme la télévision hertzienne a vécu il y a quelques temps l’arrivée de la TNT, la radio analogique est aujourd’hui confrontée aux mêmes mutations technologiques. Deux formats sont actuellement en compétition pour devenir la norme officielle française de la RNT : le DAB + et le T-DMB.

Si le premier est peu coûteux et privilégie le son, le second favorise l’image et se révèle nettement plus onéreux à exploiter. C’est pourtant cette norme qui est en passe d’être choisie par le CSA, dans une volonté évidente d’avantager les grands groupes radiophoniques et de permettre la diffusion de contenus multimédias! Car les nouveaux récepteurs radio qu’il nous faudra acquérir seront dotés d’un écran, afin d’y proposer de nombreuses ‘‘données associées’’ telles que le titre du morceau diffusé, la jaquette de l’album (informations déjà disponibles sur Internet à l’heure actuelle…), ou bien encore de la PUBLICITÉ… ! L’intérêt financier est pour l’auditeur nettement moins évident, puisqu’il lui en coûtera environ 150 euros pour l’achat d’un poste adapté à cette nouvelle norme.

D’un progrès technologique incontournable, reconnu comme tel par les différents participants, permettant une meilleure réception, une plus grande qualité sonore et surtout d’augmenter le nombre de stations sur une même plage de fréquences, on va donc faire un nouveau marché lucratif et un beau gâchis.  Selon Jean-Louis Jossic, on donne ici la priorité au contenant sur le contenu.


La primauté de la technique sur le culturel !


Cette mutation technologique, outres ses aspects techniques, a pour conséquence de bouleverser profondément le paysage radiophonique. Et les différents acteurs du débat se sont élevés hier soir contre la prochaine uniformisation de l’information. Les petites radios et  radios associatives sont menacées ; à l’image de FIP, qui va voir son antenne locale réduite à 4H contre 12H3O en ce moment, en prévision du passage à la RNT. Chacun s’est ému de la disparition, programmée par Radio France, de ce temps d’antenne qui  permet un relais de la création comme de la diffusion. L’absurdité de cette réforme, qui vise à centraliser des informations locales pour leur donner une médiatisation nationale a été maintes fois soulignée.

Pour Jean-Louis Jossic, « cela dépasse l’entendement ! » Les événements d’envergure nationales non pas besoin d’une couverture médiatique supplémentaire dans la capitale alors que les actions locales nécessitent un soutien quotidien de la part des médias locaux.

Philippe Coutant : « on se fout de nous ! Qu’on arrête de nous dire qu’à Paris c’est beaucoup mieux ! Il y aussi 50 millions d’habitants qui n’habitent pas la région parisienne !»


Le cas de Fip n’est malheureusement que l’illustration d’un contexte général assez inquiétant. C’est tout l’audiovisuel public qui est menacé, avec notamment la réforme du financement de la télévision publique. Aussi il est important de rester vigilants et mobilisés pour la défense d’une information culturelle de proximité et pour le pluralisme et la diversité du paysage médiatique !

Etaient présents au débat:

Dominique Raimbourg, Député de Loire-Atlantique
François de Rugy, Député de Loire-Atlantique
Patrick Mareschal,  Président du Conseil Général de Loire-Atlantique
Pascal Bolo, adjoint Finances, évaluation des politiques publiques, dialogue citoyen à la ville de Nantes
Jean-Louis Jossic, adjoint à la culture à la ville de Nantes
Pierre Boucard, conseiller technique national pour la radio numérique
Yann Oger, Directeur de la radio Hit West

Julien Fallelour, Johann Pailloux, Justine Salmon, Journalistes et Responsables des Radios RTL2/ Fun Radio
Pascal Massiot, Journaliste à la Radio Jet FM
Camille Pollet, Président de Prun'
Marie-Sylvie Bitarel, rédactrice en chef de Télénantes
Michel Cellier, Directeur Général de Nantes 7/ Angers 7
Vincent Braud, Responsable d'édition de WIK Nantes/ Kostar

Philippe Coutant, Directeur du Grand T
Paul Morizeau, Directeur de l'EPCC Onyx/ La Carrière

Marthe Gauducheau-Battant, Chargée de diffusion
Dominique David, Chargée de mission
Cyril Gohaud, Directeur du Pannonica
Jean Marie Biette, Directeur Départemental Ouest-France
Dominique David, Chargée de mission culture à la ville de Nantes
Philippe Guihéneuf, Directeur du TNT
Pascal Couffin, Président du magazine Fragil

Débat animé par Philippe Dossal, journaliste et écrivain,
en présence de 130 personnes.
 


Merci à l'équipe du Pannonica !

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commentaires

R
Bonjour,<br /> <br /> D'abord j'ai trouvé qu'il y avait bien peu de monde au débat du Pannonica. Où sont les auditeurs, pourtant nombreux ? D'autre part je regrette que le public présent intervienne si peu, mais aussi qu'il soit si faiblement sollicité.<br /> <br /> Toutes les personnes qui vous font l'amitié de venir sont un peu renvoyées à un statut de spectateur / auditeur ... Cela m'a semblé assez curieux, puisque la radio existe d'abord pour l'auditeur, et non pour celui qui prétend le servir. Ainsi, la clôture du débat s'est déroulée comme une réunion de routine - comme s'il ne se passait rien, finalement. Comme si tout allait bien. Aucune effervescence, aucune parole en trop. Une certaine sécheresse. Certes, le "débat démocratique" demande et suppose une attitude policée. Mais de la sérénité aux flammes du débordement, il y a tout un dégradé absent. La faute n'en est pas tellement aux acteurs du débat, mais à la couleur du temps. Aussi, si l'on fusionne avec le paysage - sa torpeur caractéristique, on ne peut prétendre lutter - à moins qu'il ne s'agisse de camouflage, que cela relève d'une tactique<br /> <br /> J'ai regretté aussi l'absence de distance, de mise en perspective entre l'objet "officiel" du débat et des considérations plus générales sur le temps présent - réflexion de fond sur les médias, la technologie et ses comportements associés, le rôle du marché et des entreprises, de la communication omniprésente, de l'image associée à la radio sur les écrans etc .. Rien de vraiment tranchant, de pointu, de dangereux, de transversal.<br /> <br /> Enfin je m'étonne qu'un enregistrement du débat ne soit pas déjà en ligne sur le blog - ce qui me permettrait du reste, une critique plus approfondie. Soit il ne mérite pas de pérennité par l'archive, soit la radio a oublié jusqu'au recours à l'une de ses armes les plus puissantes.
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