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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 22:07

Publié le 29/06/2010 à 14:06 lepoint.fr

INTERVIEW

Jean-Luc Hees : "Je vais me déclarer pdg humoriste !"

Par Emmanuel Berretta

Jean-Luc Hees : "Je vais me déclarer pdg humoriste !"

Le président de Radio France Jean-Luc Hees a été vivement critiqué après l'éviction des humoristes Stéphane Guillon et Didier Porte de France Inter © AFP

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Le président de Radio France est en place depuis un an. À la rentrée, Jean-Luc Hees va pouvoir imprimer sa marque sur les différentes grilles de programme des stations du groupe : France Inter débarrassée des comiques Guillon et Porte, Le Mouv' rapatriée à Paris, FIP dont les choix musicaux sont retravaillés, tout comme la lisibilité de France Musique. Panorama des grands changements.

Lepoint.fr : Votre première saison a été parasitée par l'affaire Guillon. Vous payez cher le fait d'avoir été nommé par Nicolas Sarkozy...

Jean-Luc Hees : Cette affaire Guillon enflamme surtout un petit monde parisien. Quand David Douillet nous attaque en justice et porte plainte contre moi, là, je défends le journalisme. Je comprends que l'on puisse être suspicieux. Je suis moi-même journaliste. Mais dites-moi où j'ai péché ? Nicolas Sarkozy m'a proposé de diriger cette belle maison. Dire non au job ? Jamais ! Combien de gens savent pour qui je vote ? C'est mon intimité totale. Je ne parle de ça qu'en famille. À tous, je réclame un peu d'intégrité intellectuelle.

Vos détracteurs parlent de "censure" concernant Guillon et Porte...

Ce n'est pas un débat politique. S'il y a bien un média sans censure, c'est France Inter. Insulter les gens, les diffamer comme Guillon l'a fait cette saison, ce n'était plus tolérable. Moi aussi, tiens, je vais me déclarer "pdg humoriste" et je vais me permettre de dire n'importe quoi !

Stéphane Guillon était-il assez drôle selon vos critères ?

Je ne ris pas au coup de sifflet parce qu'il est écrit "faut rire". Vive l'humour ! Mais j'ai une idée de l'information qui est différente. France Inter est une ambitieuse entreprise de presse. Est-ce que cela passe par la case de l'humour ? Ce n'est pas dans mon "ADN" de journaliste. Et je crois que, sur ce terrain, je suis légitime. J'avais mis Guy Carlier le matin dans une tranche d'humour. Lui, il tirait tous azimuts et pas seulement contre la droite. J'en garde d'excellents souvenirs. De temps en temps, il y avait des soucis. Je lui disais : "Tu as déconné." Alors, il envoyait des fleurs, un mot gentil. Parfois, il refusait. Ce n'était pas si grave car il comprenait qu'il fallait se montrer un peu humain. On n'est pas obligé de détester les autres quand on est humoriste.

Vous virez Guillon mais le fait que Daniel Mermet appelle au meurtre d'un ministre via un message téléphonique sélectionné, n'est-ce pas plus grave que les insolences d'un humoriste ?

Mermet est un excellent producteur de radio qui a trente ans de boutique. Il a des idées, il est créatif. J'ai dû m'engueuler mille fois avec lui. Il a un point de vue qui n'est pas le mien, il a le droit de l'exprimer sur une chaîne publique. Quand la morale n'y trouve pas son compte, je lui en parle. Chez Mermet, il y a le bon et le mauvais cholestérol.

Mais sur "l'appel au meurtre" dénoncé par le CSA, vous lui en avez parlé ?

C'est entre lui et moi. Je n'ai pas réponse à tout.

Qu'attendez-vous de France Inter aujourd'hui ?

Il faut qu'on soit la radio de tous. Si on pouvait abandonner cette manie de donner des leçons à tout le monde. Mon "France Inter idéal", c'est une radio "pour un honnête homme" pour reprendre l'expression de Jacques Rigaud (l'ancien patron de RTL, NDLR). Il s'agit de donner les clefs de la connaissance en regardant le monde différemment. Une radio qui aide à vivre. Ceux qui l'écoutent se considèrent comme respectés. C'est une maison qui va bien et qui a les moyens de travailler. Nous avons signé avec l'État un contrat qui nous garantit une augmentation de nos ressources de 3,1 % par an pendant cinq ans. Quel patron de médias aujourd'hui peut être certain de disposer de tels moyens ? Il y a des chantiers partout et notre obsession doit être celle d'améliorer nos contenus.

Justement, Le Mouv' va profondément changer de format. On dit que vous voulez en faire une "France Inter pour jeunes"...

Je ne dirai pas des choses pareilles car la notion de "jeune" me paraît très élastique. Je connais des "vieux" qui sont jeunes d'esprit et des "jeunes" qui sont déjà vieux. J'ai identifié certaines difficultés ou caractéristiques d'une population jeune et urbaine. Une expression de solitude, de colère, de frustration... Je les trouve assez vifs, moi, ces jeunes. Mais ils ont des carences. Par exemple : la politique. Il paraît qu'il ne faut pas leur en parler. Est-ce qu'il faut laisser tomber ? On fermerait les volets et on dirait "Allez musique, les gars !" ? Les jeunes n'ont plus besoin de nous pour écouter de la musique. Je fais le pari qu'ils sont curieux. Il y aura sur le Mouv' une vraie tranche d'info le matin avec des invités politiques. Un vrai 7/10, animé par Yassine Belattar. Entre 17 et 19 heures, il y aura de la place pour un magazine cuturel et entre 19 et 21 heures, ce sera la place du débat avec des invités. Et l'on parlera là aussi de politique. Bref, on va essayer de prendre ces jeunes au sérieux. Toute la différence et la difficulté, c'est le style. Tout est dans le style. En tout cas, je ne ferai pas du Mouv' une radio communautaire avec casquette à l'envers et baggy sur les fesses.

Sur FIP, vous vous êtes plaint de la programmation musicale...

La playlist comprenait 18.000 titres différents par an. Qu'est-ce que cela veut dire s'il n'y a plus de choix éditorial ? Et puis, on entendait plus les voix de FIP. Il leur faut plus de place. FIP ? c'est comme Jeep ou Rolls Royce, on n'en vend plus beaucoup mais on en connaît la valeur.

France Musique, un changement à la matinale ?

Cette station s'identifie le matin. Vous êtes quelqu'un de différent si vous écoutez France Musique le matin au saut du lit. Avec Marc-Olivier Dupin, son directeur, nous avons recruté une forte personnalité qui a du style. Ce sera Alex Taylor. Il est classieux, décalé, british. Le journal sera très parlé avec une connotation marquée sur la politique étrangère. Par ailleurs, c'est la radio aux 1.000 concerts par an. Mais qui le sait ? La grille doit être plus lisible et la station plus accessible.

France Culture, la continuité...

J'en ai marre de faire des compliments à Bruno Patino, son directeur ! (sourire) Il s'est approprié la chaîne et je le soupçonne même d'aimer ça. C'est très agréable de travailler avec lui et ça va vite.

France Bleu a fortement progressé en audience cette année. Peut-elle un jour rejoindre Europe 1 ou Inter ?

À mon arrivée, je ne connaissais pas très bien ce réseau de 42 - bientôt 43 - stations qui représente tout de même 1.500 personnes sur 4.500 collaborateurs à Radio France. C'est une station aussi prestigieuse que les autres, composée de radios locales qui ont une fierté d'appartenance. Le potentiel se libère et je pense que France Bleu peut atteindre 8 à 9 points d'audience. D'autant qu'elle ne couvre que 80 % du territoire. Quand je demande des fréquences pour France Bleu, ça fait scandale auprès de nos concurrents du privé. Eh bien, tant pis... Je continuerai à développer France Bleu en Midi-Pyrénées, à Saint-Étienne et même à Lyon.

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commentaires

J
<br /> bonjour<br /> <br /> il ne faut pas se laissé faire si fip devient classique et jazz la station est condamnée s est des nouvelles frequences qu il lui faut pourquoi<br /> tant de haine?<br /> <br /> <br />
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